La Roseraie de Rosheim

La Roseraie de Rosheim

mercredi 4 avril 2012

Le Mur Païen monde minéral IV

Venez prendre place un instant à côté de moi et feuilletons ensemble cette page qui tentera de retracer l'oeuvre d'hommes d'un lointain passé, civilisation oubliée dont nous ne connaîtrons selon toute vraisemblance jamais l'origine, civilisation sans date, sans visage, mais qui, sans le savoir, a participé à faire de nous ce que nous sommes: des êtres humains fiers de leur passé. Hommes de l'histoire aux horizons bordés de mystères et empreints d'harmonie avec les forces telluriques oubliées, hommes doués semble-t-il d'une perception de la nature à jamais perdue, hommes déjà tournés vers le ciel, ils ont bâti une oeuvre que je souhaite aujourd'hui vous présenter.

J'aimerais vous faire découvrir l'une des curiosités archéologiques les plus mystérieuses d'Alsace, le Mur Païen. C'est épisode s'inscrit dans la continuité de celui de septembre 2011: Le Mont Sainte Odile en Alsace, monde minéral III 

Mais que saurais-je en dire, moi l'arrivant sans culture locale, alors que tant d'esprits se sont déjà penchés sur ce monument qui entraîne par son mystère une effervescence sans bornes. Une fois n'étant pas coutume, je vais donc me contenter de vous montrer des images, et laisser la parole, ou plutôt la plume à l'auteur d'un site spécialisé qui m'a aimablement autorisé à copier des passages de ses textes et que je remercie ici chaleureusement. Vous trouverez son site complet ici:

http://www.mur-paien.fr

Ce site est riche en photographies qui retracent fidèlement le fond et la forme du mur. Mais vous me connaissez, j'aime voir les choses avec un œil un peu différent, dans l'esprit du monde minéral déjà évoqué. Après avoir voulu montrer l'immensité de l'ouvrage, je me suis donc approché de ces pierres pour vous en faire toucher la surface, caresser la mousse et les lichens, apprécier les couleurs que cette fois je ne trahirai pas. Laissez-vous donc emporter par cette apparente froideur minérale qui recèle tant d'émotion.

Le texte écrit avec ces caractères est directement copié du site www.mur-paien.fr

Au fait, d'où vient ce nom de Païen ? : c'est Léon IX qui lui a donné son nom au XIème siècle car il date de l'époque pré chrétienne, une époque qualifiée de païenne.









Actuellement deux thèses se confondent: le mur en tant qu'enceinte défensive et le mur en tant qu'enceinte cultuelle. Pour ma part, je privilégierais plutôt la deuxième théorie car elle serait plus en phase avec ce que l'on peut ressentir en étant sur place. Mais je ne veux en aucun cas, en tant que non spécialiste, imposer cette manière de voir. A chacun de se faire une idée de la chose. Voici ma théorie: la plupart des lieux de culte chrétien actuels ont été édifiés à l'endroit même où, avant, il existait déjà un temple ou un lieu sacré vénéré et fréquenté par les peuplades animistes ou païennes.

Pour mieux faire accepter le christianisme, ces lieux ont été christianisés. Les saints de tout acabit ne sont-ils pas les remplaçants chrétiens des anciens dieux ?

Il en a été de même pour les jours de fête: Noël - ancienne fête celtique du solstice d'hiver, la Toussaint - fête celtique des morts etc. En fin de compte il y a eu une continuité entre la vénération païenne et la chrétienne. La transition s'est faite en douceur. Ici au Mont St Odile on peut retrouver cette continuité. En effet, certains (cf. le cercle mégalithique retrouvé sur le site de la Grossmatt par R. Fohrer au début du XXème siècle) ont affirmé qu'à cet endroit se trouvait un temple solaire, culte lié au soleil, à la lumière. Sainte Odile n'apporte-t-elle pas la lumière aux aveugles ? On peut facilement y voir un rapprochement entre une ancienne déesse solaire et Sainte Odile. Si c'est le cas, pourquoi le mur païen ne serait-il pas l'enceinte qui protégeait la montagne sacrée, vouée à l'adoration du soleil et des astres ? Comment vraiment le vérifier ? A l'heure actuelle, ni sa fonction ni son origine ne sont connues. Même si bon nombre de fouilles ont été effectuées, elles n'ont pas permis de dévoiler son mystère.






Regardez bien ce rocher qui a épousé la nature. Sa fine couche de lichen répond à la tendre mousse verte






Le poudingue du Mont St Odile, roche sédimentaire gréseuse aux multiples galets enchâssés




Tristesse des vaincus


Le mur a subi bien des dommages à travers les siècles, constructeurs de châteaux qui s'en sont servi comme carrière, débardeurs qui ont ouvert des brèches, chantiers pour la construction des routes, randonneurs et archéologues en herbe peu scrupuleux, affaissements de terrains... Il est temps que ce lieu soit protégé pour que perdure cette construction, témoin d'un lointain passé.

Le mur païen est une enceinte de près de 14 km de long délimitant une surface de plusieurs hectares. Il fallait bien qu'à cette époque de la construction, même si l'on ne sait pas à quand elle remonte, les bâtisseurs aient prévu des accès. Certaines portes sont visibles, d'autres ont dû disparaître au cours des âges par la détérioration naturelle et surtout celle liée à l'activité humaine. Ainsi, il est tout à fait probable que la voie romaine provenant d'Ottrott ait débouché sur une porte (hypothétique) donnant accès à l'enceinte, mais il n'en subsiste aucune trace tangible à l'endroit théorique.

Sur les portes encore visibles on peut observer 3 types de passages:

- Les portes de type kammertor ou portes à couloir que l'on suppose être des portes romaines, donc construites bien après le mur. Y avait-il aux mêmes endroits des portes initiales ? Ce sont des portes larges qui pouvaient laisser passer des chariots. Elles étaient fermées par des battants en bois pivotant dans des cavités appelées crapaudines. L'accès dans l'enceinte même ne se faisait qu'après passage dans une sorte de couloir de quelques mètres. La porte de l'Elsberg est un parfait exemple, la porte de Barr présente les mêmes caractéristiques. Enfin, sur la porte Eyer on peut deviner un couloir identique mais moins long. Cette dernière est un peu particulière car elle permet le passage non pas de l'extérieur vers l'intérieur de l'enceinte comme les autres, mais le passage entre deux camps au travers d'un mur transversal.

- La porte de type étroite. C'est le cas de la porte Koeberlé. Elle ne laisse le passage qu'à un seul homme qui doit également suivre une sorte de couloir. Cette porte était également condamnée par, sans doute, une porte en bois venant s'appuyer contre un montant taillé. 

- Les portes passages qui ne sont que des ouvertures naturelles dans l'enceinte comme pour le Felsentor. Il y en avait peut-être d'autres qui ont malheureusement disparu avec des pans entiers de mur ou qui restent encore à découvrir.










 




Le massif du Mont Sainte Odile, comme le témoignent les découvertes de plusieurs fouilles, a été occupé depuis le Néolithique. Des silex et haches de pierre polie ont permis de dater cette lointaine occupation des lieux vers 4000 ans av. JC.


Un mobilier abondant datant de l'âge du bronze a également été exhumé et atteste d'une occupation assez importante à cette période, entre 1500 et 800 av. JC. Par contre, des objets de l'âge du fer (750 à 50 av. JC) sont beaucoup plus rares et semblent montrer qu'à cette époque le massif a été moins habité.

Une importante quantité de pièces romaines atteste par contre d'une intense activité sur le sommet. Il est à noter, selon certains archéologues, que les portes dites à couloir (porte de Barr et de l'Elsberg) ont vraisemblablement été érigées durant l'époque romaine ainsi que certaines réfections de l'enceinte elle-même (analyse de tenons de bois au carbone 14 et par dendrochronologie).












Et le mur dans tout çà ? de quelle époque date-t-il ?


Personne ne peut avancer avec certitude une date ou une période précise. Des tentatives pour élucider le mystère ont bien été effectuées: dendrochronologie, carbone 14, comparaison des techniques de construction avec d'autres connues (oppidum gaulois, constructions helléniques, castrums romains, mégalithisme préhistorique), fouilles... : rien, aucune certitude ! Le mur conserve son secret...



C'est une promenade d'une grande sérénité à laquelle vous avez été conviés. En effet, ce mystère qui probablement restera à jamais ce qu'il est, insondable témoin de ce que les hommes "primitifs" (!) ont accompli, immense témoin de la pugnacité de l'être humain devant ses convictions (cultuelles ?  guerrières ?) nous montre l'exemple dont nous devons  nous inspirer: malgré les dérives incommensurables de notre Société actuelle, malgré les dangers effroyables qui guettent les générations futures auxquelles nous léguons nos débris mortels ou tout au moins insalubres, nous nous devons de laisser des témoignages palpables de l'histoire de l'humanité, nous nous devons de cultiver un humanisme actif. Car ceux qui nous suivent, nos enfants et leurs enfants à venir, ont des droits que nous devons respecter.


Songez que l'UNICEF lutte sans cesse avec votre aide pour venir au secours de millions d'enfants dans le monde. Accédez et rejoignez-nous sur www.unicef.fr   ou   www.unicef67.org   ou encore   www.unicef.org 


Car vos dons, proportionnés selon vos possibilités, sauvent des vies d'enfants.