La Roseraie de Rosheim

La Roseraie de Rosheim

mardi 7 août 2012

Heureux qui comme Ulysse...

Ne dites pas non: si vous n'êtes jamais allés en Grèce, si vous n'avez jamais traversé la Mer Egée sur les traces d'Ulysse, au moins en avez-vous rêvé, vous vous êtes dit qu'il fallait le faire un jour, qu'un tel voyage est incontournable. Et bien, ce voyage, nous l'avons fait en ce mois de juillet 2012. Et, comme à l'habitude, je souhaite vous en faire partager les meilleurs moments.

C'est vrai, souvent je préfère les photographies qui mettent en valeur quelque détail insolite, un aspect que l'oeil ne perçoit pas forcément du premier coup, un angle inattendu, à la simple représentation, telle qu'une carte postale du commerce illustre avec un professionnalisme irréprochable. Et pourtant, aujourd'hui je n'ai pas le choix. C'est toute la différence entre un voyage entièrement personnalisé, durant lequel chacun reste seul maître de son temps, et un voyage organisé, meilleure façon de découvrir un maximum de choses dans un laps de temps défini, mais sans avoir la possibilité de s'arrêter afin de fureter à la recherche d'un détail insoupçonné. La plupart des photographies que vous allez voir sont dépourvues d'originalité, mais remplies de la chaleur exhalée par les pierres antiques, les ciels d'une profondeur insoutenable, le bleu omniprésent qui calme les esprits et donne aux îles grecques ce qu'elles ont de plus beau, la sérénité d'un temps immortel.

Pour cette traversée plus calme qu'elle ne le fût pour Ulysse, roi d'Ithaque maudit par Poséidon, nous avons porté notre choix sur une croisière à bord du "MS La Belle de l'Adriatique", que nous connaissions déjà pour avoir parcouru le nord de la Mer Rouge avec le golfe d'Aqaba (voir dans ce blog septembre 2011: "Monde minéral revisité: le désert de Wadi Rum et Petra en Jordanie"), et croisé le long des côtes de Croatie. La taille du bateau (100 cabines), son confort de très grande qualité, la gentillesse de son équipage, ont largement contribué au succès de la traversée. Cerise sur le gâteau, la Société qui l'exploite est depuis quelques années "Entreprise Amie de l'UNICEF", démontrant par son engagement toute sa valeur morale.

Impossible de faire escale à Athène sans visiter l'Acropole, qui ne méritera pas de ma part de commentaires tant elle s'exprime par elle-même dans toute la grandeur de son histoire, la gloire de ses souvenirs et son rejaillissement sur toute la Société occidentale depuis plus de 25 siècles.

(n'oubliez pas: en cliquant sur l'image vous l'agrandissez; cliquez à nouveau et vous retournez au blog. Ces images n'ont pas de copyright: vous pouvez en faire copie, mais si vous les publiez n'oubliez pas de mentionner leur origine)








 





Les Cariatides soutiennent le monde

Quant au port du Pirée où nous étions accostés, les échoppes désertes et les gens pauvres errant dans la rue cachaient mal l'opulence des sièges sociaux des armateurs.
                                   

Notre première étape en mer fut l'île de Délos, très petite île inhabitée depuis des siècles si ce n'est par des archéologues passionnés. En effet, cette île est tout droit issue de la mythologie grecque qui en fit le lieu d'accouchement de Léto donnant naissance à Artémis et à Apollon, fruits de ses amours avec Zeus. Délos fut ainsi l'un des principaux centres religieux de la Grèce antique, et en même temps un port marchand apprécié et prospère. Ile principalement vouée à Apollon, on y trouve des vestiges de temples ainsi que les restes d'une statue colossale du dieu protégée par les cinq statues restantes des 9 lions en marbre de Paros.









A Mykonos, changement total de décor: les antiques statues font place aux étroites ruelles touristiques dans une île comptant moins de 10 000 habitants autochtones et recevant plus de 250 000 touristes par an. Contrairement à Délos qui ne possède aucune ressource propre en eau, Mykonos est irriguée par de nombreuses eaux de ruissellement mais n'a pas de cours d'eau permanent. L'eau provient donc principalement de puits. Parmi les plus de 400 églises et chapelles que compte l'île, celle de Panaghia Paraportiazni est la plus importante, comptant un ensemble de cinq églises anciennes érigées sur une colline fortifiée issue de l'occupation vénitienne du début du Moyen-âge. Elle fait face aux fameux moulins à vent du XVIème siècle.







                                  



                 



Paros fut l'étape suivante avec la ville de Parikia et ses ruelles ombragées, l'église Panagia Ekatondapiliania édifiée au VIème siècle et réhabilitée au IXème. La route mène ensuite aux carrières de marbre aujourd'hui abandonnées de Marathi, marbre dont la translucidité permet de faire passer des rayons lumineux au travers de dalles jusqu'à 7 cm d'épaisseur.
                                       



                  





                
Naxos, la plus grande île des Cyclades avec ses 25 000 habitants, nous accueille dans sa verdure et son calme... j'allais dire olympien. La beauté de sa nature époustouflante, la richesse de ses cultures de pommes de terre, céréales, agrumes et olives en fait une île quasiment auto-suffisante. A cette richesse s'ajoute un vignoble de qualité, et les hauteurs abritent de nombreux troupeaux de caprins, d'ovins et de bovins. C'est à Mélanes qu'une statue de 6,40 m de long, un Kouros, a été abandonnée sur son lieu même d'extraction, vraisemblablement vers la fin du VII siècle av. J.-C. C'est une taille exceptionnelle pour ce type de sculptures qui généralement ne dépassaient pas 4 mètres et étaient offertes en offrande aux temples par de riches citoyens à l'image probablement de rites égyptiens anciens. Mais Naxos est aussi l'île qui abrita Ariane après que celle-ci eut aidé Thésée à tuer le Minotaure et à retrouver son chemin pour sortir du labyrinthe grâce au fil qu'elle lui avait donné. Thésée l'abandonne sur l'île mais Dyonisos, jaloux de l'amour qu'elle portait à Thésée, ordonne à Artémis de la tuer d'une flèche. Ce qui nous intéresse ici est qu'aussi bien Ariane que Dyonisos étaient considérés dans l'antiquité comme étroitement liés à la nature et en particulier à la végétation arborescente et... au vin bien sûr.






L'attente sans limites, Cronos oublié

                 

Un regard indiscret...
Un Kouros inachevé probablement brisé par un marbre de mauvaise qualité



Cette écorce d’eucalyptus est une oeuvre d'art d'une grande beauté

Vous en avez rêvé. Nous aussi. Mais voilà, nous y sommes ! Nous arrivons à Santorin, archipel volcanique dont seule la partie supérieure de la caldeira émerge, après une éruption que l'on situe vers 1600 av. J.-C. à l'époque minoenne. Vous l'avez compris, Santorin n'est pas un nom d'origine grecque, son nom véritable est Thira. Ce sont les vénitiens qui au XIIIème siècle l'ont baptisée Sainte Irène, donc Santa Irini devenu Santorini. A la rare exception d'une élévation septentrionale, l'ensemble de l'île est constitué de cendres et de laves ne laissant que peu d'opportunités à une production agricole locale, mis à part un vignoble particulier donnant un vin liquoreux apprécié de beaucoup (mais guère de nous !). Le manque chronique d'eau est mal compensé par une station de dessalement d'eau de mer mais la nature fait que chaque goutte de rosée est récupérée par les plantes allongées au ras du sol et faisant parasol contre les rayons du soleil. Santorin ne se raconte pas. Il faut fouler de ses pieds les chemins tortueux, grimper les ruelles bordées de boutiques (trop) touristiques, enfin ouvrir grands ses yeux aux multiples facettes de ses infinies déclinaisons de couleurs, de lumières, de senteurs et enfin du bonheur d'être là.

Débarquement par péniche














Bouquet de pistaches bientôt mûres




Le "MS La Belle de l'Adriatique" nous attend au large

        
Une nouvelle et dernière nuit passée en mer nous amène à Rhodes, la plus grande île du Dodécanèse qui en compte comme son nom l'indique douze principales ainsi qu'une multitude d'îlots. Le chef-lieu du même nom est un monde complètement contradictoire en raison de ses diverses origines Byzantines, Ottomanes, Grecques et, au Moyen-âge, par l'établissement de l'arrière-garde des Chevaliers Croisés ayant été chassés de Jérusalem par le sultan ayyubide Saladin en 1187. Puis, à partir de 1306, les Chevaliers de Saint-Jean s'établirent durablement à Rhodes et créèrent une place forte qui a été entièrement reconstituée, le plus souvent de façon arbitraire, par les italiens sous l'occupation de la période du Duce qui en imprégna son style typiquement fasciste. Ainsi le Palais des Grands Maîtres recèle des trésors de mobiliers anciens manifestement volés dans les établissements religieux, ou la fameuse statue en marbre monolithique représentant Laocoon, prêtre troyen ayant voulu dissuader les Troyens de faire pénétrer le cheval de bois dans leur ville, et qui est attaqué avec ses fils par des serpents. La Rue des Chevaliers rectiligne entre ses constructions de pierre austères mène rapidement à des placettes et des ruelles commerçantes aux accents de bazar oriental.
Vue panoramique de Rhodes depuis le Mont Smith


Château médiéval reconstitué sous la dictature du Duce
Loacoon et ses fils attaqués par les serpents.
Une version en bronze datant du IIème siècle
av. J.-C. serait au Vatican
                    









Le choc de l'Orient et de l'Occident
Une dernière nuit en mer nous fait arriver au petit matin à Kos qui aurait vu naître Hyppocrate et qui est, avec son temple Asclépeion dédié au dieu de la santé Asclépios, le lieu ayant vu se développer l'origine de la médecine. La petite ville de Kos nous dévoile son charme.













Mais notre périple touche à sa fin, et c'est au port de Bodrum sur la côte turque qu'il s'achève. Disons-le, Bodrum n'est turque que par sa situation géographique. Car la ville ne recèle pas grand-chose de typique, et l'on se croirait sur n'importe quelle petite ville balnéaire mises à part de petites touches orientales telles que ces marchands d'éponges ou ce découpeur de doner kebab.









Même les chiens savent qu'il faut faire la sieste à l'abri des rayons du soleil !











Notre croisière s'est ainsi terminée. Nous en garderons un souvenir magnifique et ne pouvons que vous encourager à passer, comme nous l'avons fait, du rêve à l'acte.

Mon matériel photo n'a pas changé: Pentax K5 et Samsung EX1 F1.8 ont été mes fidèles compagnons de chaque instant. La plupart des photographies ont été légèrement revisitées avec Adobe Lightroom 4.0 et recadrées. Quelques signalétiques mal placées ou personnages trop présents ont été effacés avec Adobe elements 9.

En début de page j'évoquais le fait que CroisiMer était "Entreprise Amie de l'UNICEF". Malgré la crise qui la touche tout particulièrement, la Grèce compte parmi les pays riches. Mais n'oubliez jamais qu'au travers du monde des centaines de millions d'enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté et ne mangent pas à leur faim. L'UNICEF les aide. Aidez l'UNICEF selon vos moyens.