La Roseraie de Rosheim

La Roseraie de Rosheim

samedi 26 mai 2012

Une île pas tout à fait comme les autres


Mais que connaissent donc beaucoup de personnes sur Madère, en dehors de la sauce éponyme ? Même si cette dernière accompagne délicieusement les rognons de veau (pour ma part je ne suis pas amateur de rognons, mais la sauce, humm !), il n’en reste pas moins que l’île de Madère offre une infinie variété de paysages et de couleurs, un festival de gaîté et de gentillesse, de subtiles saveurs fruitées et une explosion de fragrances fleuries.

Officiellement découverte en 1419 par les marins João Gonçalves Zarco et Tristão Vaz Teixeira, tout laisse croire cependant que l’île a servi de refuge à de nombreux marins bien avant cette date car elle figurait sur des cartes depuis le milieu du XIVème siècle. Il semblerait qu’une expédition maritime financée par le roi Alphonse IV en 1341 en ait apporté les premiers témoignages.

Photographie d'époque: arrivée des premiers colons (document non contractuel)

L’île était entièrement recouverte d’arbres, pour la plupart des espèces natives de lauriers (on parle de laurissilva), mais aussi de cèdres, d’eucalyptus et nombre d’espèces rares, ainsi que de plantes et herbacées ayant évolué à l’abri des influences extérieures depuis l’âge tertiaire, époque des premières éruptions volcaniques qui ont formé l’île. Les premiers colons ont détruit une bonne partie de cette forêt primitive par un incendie qui aurait duré sept ans et dégagé des espaces propres à la culture. Mais en raison des fortes différences climatiques de l’île qui varient d’une altitude à l’autre, ainsi que de sa localisation au nord ou au sud, on y trouve une grande diversité qui va de la végétation subtropicale en bord de mer à des forêts de hêtres, châtaigniers, acacias et bruyères sur les hauts plateaux (1000 à 1300 m).  La canne à sucre a été introduite dès le début de la colonisation, et la culture des bananiers, avocatiers, vigne et agrumes a suivi. L’eau est abondante à Madère, mais très localisée, et il a fallu creuser à même la roche tout un système de canalisations afin d’irriguer les terrains agricoles ; c’est ainsi que sont nées  les « levadas ».






Lauriers natifs de Madère, plus que centenaires
Si l’exploitation de la canne à sucre a longtemps constitué la principale richesse de l’île, les différents cépages importés d’Italie, de Chypre et de Crète (la Malvoisie), d’Espagne, du Portugal (le Verdelho) et de Bourgogne (le Boal) ont rapidement donné aux vins de Madère une réputation largement répandue dans toute l’Europe. Comme la plupart des vins liquoreux, la spécificité du vin de Madère provient d’un arrêt de la fermentation à un moment donné par l’ajout d’eau de vie suivi d’un vieillissement  dans des tonneaux placés dans un endroit peu ventilé à des températures assez élevées. On raconte aussi que certains tonneaux étaient chargés sur des bateaux à titre de ballast et faisaient ainsi un aller-et-retour sur l’océan pour améliorer la qualité du vin ainsi ballotté. N'allez pas dire aux Madériens que vous n'utilisez leur vin que pour faire une sauce: rien n'est plus riche en arômes subtils qu'un bon Madère hors d'âge !

Le XIXème siècle a été une période chaotique pour les habitants de Madère; l'île est alors occupée par les britanniques voulant encercler les troupes de Napoléon qui avaient envahi le Portugal en 1807. Mais à la suite de la défaite des français, les britanniques sont bien restés sur l’île et ont commencé à exercer une mainmise quasi complète sur le commerce, en particulier du vin. Se sont alors déclarées toute une série de crises agricoles et sociales qui ont donné lieu à une émigration en masse de la population au Brésil, aux Antilles, Surinam et bien d’autres destinations. Si la population de l’île aujourd’hui compte quelque 270 000 âmes, on estime à plus de 650 000 descendants de Madériens les populations émigrées.

Si Santa Cruz fut le premier lieu d’accueil des populations insulaires, Funchal, aujourd’hui Chef-lieu de la province, doit son nom au fenouil sauvage omniprésent lors du débarquement des premiers habitants. Avec plus de 100 000 habitants elle est de loin la principale agglomération. 
Machico, 2ème ville de l'île, ne compte que 14 000 âmes. Très escarpée, Funchal s’étire sur les collines dominées par Monte, où se trouve un jardin tropical de tout premier ordre, auquel on peut accéder en funiculaire depuis le bord de mer. Les habitants sont d’une rare gentillesse et la ville est particulièrement propre par rapport à de nombreuses villes de l’Europe du sud. Le marché couvert (Mercado dos Lavradores) est le lieu habituel où l’on peut admirer les légumes colorés ainsi que les poissons fraîchement pêchés. En particulier, le sabre, poisson de grande profondeur (Madère étant entourée de fosses dépassant les - 4000 m), ou le thon provenant de l’archipel des Açores.





Le sabre, pêché à près de 3 km de fond
Outre les services maritimes, l’accès à Madère a été assuré de 1949 à 1956 au moyen d’hydravions qui partaient de Southampton, faisaient escale à Lisbonne et amerrissaient dans la baie de Funchal. Ce n’est qu’en 1964 que fut inauguré l’aéroport de Santa Cruz à 16 km à l’est de Funchal. Longtemps uniquement accessible aux petits porteurs en raison de sa courte piste, il a été agrandit en 2000 pour atteindre 2,8 km partiellement sur la mer et repose ainsi sur 180 pilotis.


La principale attraction de Madère réside dans son incroyable profusion de fleurs. Etape indispensable des marins venant du monde entier, l'île a hérité des fleurs les plus diverses qui se sont acclimatées facilement. Ne me demandez pas de les nommer toutes, pour mes yeux les fleurs n'ont pas besoin d'identité, il me suffit de les regarder. Bien sûr, vous reconnaîtrez un grand nombre d'orchidées, mais aussi de fleurs plus modestes mais si jolies, si belles. Ici je n'ai qu'un regret: celui de ne pas disposer d'un émetteur de parfums, afin de vous en faire profiter, les sens en ébullition. Alors, prêts ? Ouvrez la danse !
























Mais que voulez-vous donc ajouter ???































Madère est avant tout un archipel. Il y a Madère, bien sûr, puis l'île (très) touristique de Porto Santo et ses 9 km de plage de sable fin (non, il n'y a pas de plage sur l'île principale de Madère). Et puis, il y a de petites îles inhabitées, les Desertas, avec Deserta Grande, Chão et Bugio. Madère a connu une longue période de chasse à la baleine qui s'est terminée avec le moratoire international de 1986 (non ratifié par le Japon, la Norvège et l'Islande). Depuis, l'espace maritime entre ces îles est devenu une réserve naturelle qui abrite nombre de cétacés tels que baleines de Brydes, bien sûr, mais aussi dauphins et, plus rarement, une espèce réputée en voie de disparition mais qui semble se réinsérer, le phoque Moine.




Le "capitaine" scrute l'horizon...




Mais que voulez-vous donc de plus ??? ici tout est dit... ou vu.
Le trajet maritime jusqu'à ces zones nous fait passer devant ces roches si particulières issues des éruptions volcaniques. Or vous savez combien j'aime ce monde minéral si parlant, si riche en histoire sismique, érodé par le temps, mais toujours présent avec ses oxydes métalliques, ses reflets flamboyants ou ses morsures pathétiques dues à l'érosion.





Chemin vers la légende inconnue...





Oui, ce sont bien des bombes volcaniques pétrifiées et sortant de leur gangue sous l'effet de l'érosion


Mais notre visite de Madère ne serait pas complète (et elle ne le sera de toutes façons jamais, tant il y a de choses à voir), si l'on n'évoquait pas les "azulejos", ces mosaïques de faïence issues de tradition mauresque et répandues dans toute la péninsule ibérique et ses ex-colonies.


Ces ceux-là ont plus d'un siècle de contemplation, saisies sur une vieille maison de Monte


Ces deux autres ornent l'entrée du Mercado (marché)
L'enfer...














Ou encore, cette riche collection de portes peintes dont d'enorgueillit le vieux quartier des pêcheurs, autour de la chapelle du Corpo Santo: 










Les maisons traditionnelles de l'île, inchangées semble-t-il depuis les débuts de la colonisation, se composent d'un bâtiment principal annexé d'un bâtiment secondaire comportant la cuisine: pourquoi ? je ne sais pas. Peut-être la crainte de l'incendie ? toujours est-il que, dans la campagne, l'on construit aujourd'hui encore des maisons plus modernes sur ce même concept.




Enfin, regardons librement ces dernières images dont la seule finalité est, bien sûr, de vous donner envie de découvrir cette île de calme, de paix, de douceur.






Sur la Place de l'église de Ribeira Brava

La Cathédrale de Funchal (Se do Funchal)

La dentelle, entièrement cousue à la main, représente l'un des joyaux de la manufacture de Madère

L'eau possède un magnétisme qui attire tous les enfants du monde...

L'ancienne forteresse et ses pêcheurs aux couleurs harmonisées...

Le téléphérique qui mène à Monte

Eh non ! je ne vous dirai pas pourquoi j'ai inséré Don Dinis, (22 générations...)



Rencontres improbables au jardin tropical

Scène maritime à Porto Moniz, Bretagne de Madère




A Câmara de Lobos Winston Churchill aimait venir faire des aquarelles

Le vieux château transformé en musée

La quintinha Sån Jão, à recommander vivement !


Voilà, le voyage se termine ici. Ce fut notre quatrième visite à cette île pleine de charme, et probablement pas la dernière. Chaque fois que nous voulons prendre du recul, nous mettre à  l'abri du stress de la vie courante, nous pensons que Madère est l'endroit idéal pour se ressourcer.


Ne l'oubliez pas: ces photos sont aussi les vôtres: il suffit de cliquer sur l'une d'elles et vous pouvez la recopier là où vous le souhaiterez. Il n'y a pas de copyright. Je vous demande seulement d'indiquer leur origine.


Amis lecteurs qui nous avez rejoints dans cette évocation, songez que tous nous baignons dans un monde privilégié. Pendant ce temps, des centaines de millions d'enfants par le monde manquent de tout; lorsque nous voyons couler une rivière paisible, nous devons savoir que ces enfants meurent prématurément car ils ne disposent que d'eau croupie. L'UNICEF les aide, aidez l'UNICEF selon vos possibilités.