La Roseraie de Rosheim

La Roseraie de Rosheim

samedi 14 janvier 2012

Rosenwiller en Alsace: le cimetière juif



Le village de Rosenwiller, rattaché au canton de Rosheim et situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Strasbourg, abrite depuis le XIVème siècle l’un des plus importants cimetières israélites de la région, alors que curieusement, aucune famille juive n’a été recensée dans ce village au cours des siècles derniers, hormis les gardiens du cimetière. Mais les tombes abritent plus de 6000 défunts  venant d’une centaine de localités environnantes, ainsi que d’autres origines telles que l’Ile de France, Marseille, Lille, Genève et même Varsovie; la plus grande communauté, Rosheim, compte à elle seule environ 665 tombes recensées. S’étendant sur 4 ha, la partie ancienne du cimetière laissée en friches durant des décennies a été entièrement débroussaillée en 2001 suite à l’initiative de la communauté israélite et avec l'aide du Maire de Rosenwiller aidé d’un ami et d’une équipe de scouts, ce qui a permis de remettre à jour des pierres tombales cachées depuis des générations. 











Dans la tradition juive, les tombes ne sont pas fleuries. On dépose une pierre et avec le temps se forme un cairn, un amas qui plus tard sera remplacé par une pierre tombale monolithique (le matzevoth).

La tradition ashkénaze exige que la pierre soit placée verticalement, alors que les sépharades la placent horizontalement. Le nom du défunt ainsi que celui de sa mère sont gravés sur la pierre, ainsi que, souvent, la mention « que son âme soit reliée au faisceau de la vie ». La pierre peut être décorée d’étoiles de David ou de deux mains jointes appelant à la prière. 













































Les saisons n'ont pas d'impact sur le statut des défunts, le temps n'est peut-être plus le même pour eux, mais pour nous qui leur rendons hommage, le temps passe et les saisons varient. Sous la neige et les frimas d'un mois de février glacial, le cimetière prend une allure tragique d'une autre dimension















Mais le cimetière de Rosenwiller comporte une particularité qu’aucun autre cimetière juif d’Alsace ne possède. On la retrouve au cimetière San Nicolo de Lido à Venise, ainsi qu’au cimetière de Bordeaux : un soleil ou sa représentation graphique sous forme d’un svastika dextrogyre ou sénestrogyre est gravé au sommet de certaines stèles. Selon l’historien Robert Weyl, le soleil gravé représente la lumière du monde futur, lumière promise aux Justes, accompagnée par la guérison, le rétablissement dans leur intégrité physique et mentale. Il puise cette interprétation dans le Midrash : « L’éclat du soleil pour les Justes dans le monde futur » (Mekhil Mishpatim, 13).












Les Juifs ashkénazes ne se rendent au cimetière qu’une fois l’an. Dans la tradition sépharade, on peut se rendre au cimetière les vendredis et les veilles de fêtes telles que Roch Hodech, Roch Hachana et Yom Kippour. En entrant dans le cimetière, si la dernière visite date de plus de trente jours, on doit réciter la prière au champ du repos : « Soit loué l’Eternel notre Dieu, roi de l’Univers, Lui qui vous a crées par sa justice, vous a nourris et entretenus par sa justice, vous a fait mourir par sa justice, qui dans sa justice connaît votre nombre et qui un jour vous fera ressusciter par sa justice. Soit loué l’Eternel qui ressuscite les morts ».









La plus grande figure du judaïsme alsacien du début du XVIème siècle fut incontestablement Joseph Josselmann ben Gershon, né probablement à Haguenau en 1478 et établi à Rosheim de 1514 jusqu’à sa mort. Il fut le grand défenseur des Juifs de toute l’Europe auprès des empereurs Maximilien et Charles Quint. Il mourut en 1554 mais on ne peut repérer sa tombe car à l’époque aucune stèle en pierre n’existait.


Le cimetière juif de Rosenwiller reçoit aujourd'hui encore les dépouilles de familles pieuses qui veulent retrouver leurs ancêtres; les noms ont été volontairement effacés sur la  photographie.



Sources :


La représentation de Rabbi Joseph Josselmann est une partie de fresque figurant à l'Office du tourisme de Rosheim. 
Autres photographies prises avec mon Samsung EX1 F1.8 obj. Schneider Kreuznach Varioplan; traitement Adobe Photoshop Ligthroom 2.7


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2 commentaires:

  1. Que l'on soit taphophile ou pas, force est de reconnaître que les cimetières sont de véritables mines d'information. Vos photos, vos commentaires et vos liens m'ont appris beaucoup de choses. Notamment la signification symbolique de l'image solaire sur les tombes juives. Toutefois, une tombe a attiré mon attention (photo 14), à la place du soleil figure une fleur avec une feuille. Sans intérêt sans doute.
    Au passage, je recommande la visite du quartier juif à Gérone (Girona) et des Banys àrabs (appellation impropre). Et, avant de repartir, n'oubliez pas la célèbre Lleona (lionne)...surtout si vous êtes superticieux.
    http://www.judaicultures.info/sites-patrimoine/carnet-de-voyages/Le-Call-de-Gerone-une-pure-emotion

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  2. Bonjour,

    En 2014, j'ai publié ma traduction du registre du cimetière, de 1753 à 1980 ,ce qui représente circa 6000 entrées.
    Après ce la, le Cercle de Généalogie Juive a entrepris de photographier les stèles existantes et de les publier dans un Livre de Mémoire, dont 3 volumes sont déjà parus : 1)1656-1808 - 2)1809-1828 - 3)1828-1838.

    Epigraphiste et paléographe, j'ai été chargé du déchiffrement, de la transcription et de la traduction des épitaphes.

    J'ai redressé beaucoup d'erreurs de lecture et de dates da le livre de Robert WEYL (que vous citez), dont la première, celle du martyre de Dachstein (1656).

    Bien cordialement.

    Avraham/Jean-François MALTHÊTE
    jfmberu78@gmail.com

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